Les jouées hautes, au nombre de quatre à l’origine, portent une iconographie religieuse, comme souvent à la fin du Moyen Âge: ici, nous avons dans la partie supérieure de chaque panneau un saint personnage, et, dans la partie inférieure, une illustration d’une scène de l’Ancien Testament. Du côté nord, nous trouvons saint Jérôme au-dessus de la scène où Judith vient de tuer Holopherne, alors que du côté sud, Saint-Ambroise surmonte la fuite des envoyés de Josué à Jéricho.
Le Livre de Judith (Judith 11, 23) raconte comment Judith, jeune et belle veuve de la ville de Béthulie, a sauvé sa ville et son peuple, assiégés par l’armée d’Holopherne, lieutenant du roi babylonien Nabuchodonosor. Elle s’est rendue au campement d’Holopherne, qui, séduit, a organisé en son honneur un banquet au cours duquel il a bu trop abondamment ! Judith profite de son ivresse et le tue. La scène sculptée est traitée avec grand réalisme: nous sommes devant la tente d’Holopherne, que nous apercevons allongé sur son lit, le cou sectionné, tandis que Judith, élégamment vêtue, tient encore son poignard de la main droite et tend la tête d’Holopherne à sa servante.
De la même façon, sur l’autre jouée, les détails concrets abondent dans la scène où les soldats de Jéricho sont sur le point de surprendre les envoyés de Josué qui ont trouvé refuge chez Rahab (Nombres 13, 16).
Les jouées basses sont traitées plus sobrement, avec une décoration de remplages sur le panneau, et de petites scènes animalières sur la rampe. Mais ces petites scènes peuvent aussi signifier quelque chose… Les deux renards de part et d’autre du coq, que nous retrouvons du côté des sièges se tournant le dos et s’éloignant portant chacun dans sa gueule la moitié du coq, illustrent le proverbe « tant vaut un riche homme entre deux avocats comme une poule entre deux renards » !