Lettre d’information n°69 – décembre 2024

Thérèse

Le 24 octobre 2024, Thérèse Hainsselin nous a quittés.  Thérèse faisait partie de notre association depuis… 1998 ? 1999 ? Presque depuis la fondation de Stalles de Picardie ! Membre du Conseil d’administration depuis 2002, elle était présente à toutes les réunions et participait régulièrement à nos activités, notamment en assurant l’accueil dans l’église de Saint-Martin-aux-Bois lors des journées de visite.
Depuis septembre 2022, son état de santé ne lui permettait plus d’être présente à nos réunions, mais elle restait très attachée à l’église de Saint-Martin-aux-Bois et à notre association dont elle demandait régulièrement des nouvelles. Nous garderons le souvenir de son implication dynamique et de sa bienveillance envers tous.  
Son décès nous rappelle celui de Marie-Thérèse Balny, il y a bientôt six ans. Toutes deux ont été des forces vives pour Stalles de Picardie.

Bilan de l’été à Saint-Martin-aux-Bois

L’été 2024 a permis à plus de 200 personnes de visiter ou re-visiter l’église. La fréquentation est légèrement en baisse depuis l’année dernière, et surtout très irrégulière. Certains dimanches, nous avons accueilli 60 personnes, alors que d’autres ont vu moins de 10 visiteurs passer la porte de l’église. Il est bien difficile de comprendre ces variations, et surtout bien difficile d’y faire face en étant suffisamment nombreux pour l’accueil et les visites !
Il faut sans doute réfléchir  ensemble à l’élargissement nécessaire de notre public visiteur.
Vos suggestions seront les bienvenues.

Journées du patrimoine : statue de la Vierge à l’Enfant

La statue de la Vierge à l’Enfant, volée il y a plus de soixante ans, a retrouvé sa place dans l’église en février 2024. Nous souhaitions fêter son retour en juillet, lors de l’ouverture de la saison des Estivales, mais la vie politique nous a contraints à reporter cet événement au mois de septembre. Nous avons profité des journées du patrimoine, les 21 et 22 septembre, qui nous ont permis de nous inscrire dans le thème « Patrimoine des itinéraires, des réseaux et des connexions » en relatant l’histoire de cette statue.

Samedi 21 septembre, en présence d’un grand nombre d’habitants de Saint-Martin-aux-Bois, et du Père Philippe Montier, curé de la paroisse, nous avons eu le plaisir d’accueillir Mme Gaëlle Pichon-Meunier, Conservateur du patrimoine, Adjointe à la cheffe du bureau de la Conservation des monuments historiques mobiliers, au Service du patrimoine du Ministère de la Culture et M. Éric Grusse-Dagneaux, Conservateur régional adjoint des monuments historiques, chargé du département de l’Oise.

M. le Maire a tout d’abord rappelé les circonstances qui ont permis le retour de cette statue : mise en vente aux enchères, à Paris, en mars 2020, elle a été repérée par le Bureau de la Conservation du patrimoine mobilier et instrumental du Service du Patrimoine du Ministère de la Culture. La ressemblance entre l’objet en vente et la statue disparue de Saint-Martin-aux-Bois a incité les services du ministère à lancer une alerte et à demander l’intervention de l’Office Central de lutte contre le trafic des Biens Culturels (OFCB, dépendant de la Direction centrale de la Police judiciaire) pour que la statue soit retirée de la vente.

En effet, classée au titre des monuments historiques par arrêté du 11 avril 1902, la statue est propriété de la commune, c’est un bien inaliénable qui, même 60 ans après le vol, reste propriété de la commune. La statue a donc pu être récupérée, sans compensation pour le vendeur, et rendue à la commune.

Le retour de la statue n’a pu se faire rapidement : l’épidémie de Covid ne facilitait pas les choses, mais en outre l’église était en pleins travaux de restauration des sept baies de l’abside. Une convention passée avec le conseil départemental a permis l’accueil de la statue au musée départemental de Beauvais, avant qu’elle soit nettoyée et restaurée par Maÿlis Degorostarzu, en région parisienne, puis qu’elle parte quelque temps dans le département de la Marne où M.Leriche, ébéniste, a préparé le socle en bois et le dispositif de sécurisation permettant de la disposer dans le chœur, à son emplacement initial.

Alain Lebrun a évoqué également l’aspect financier de l’opération : les frais de restauration et sécurisation, 8 648,00 €, ont été couverts à 50 % par l’État (Drac), 30 % par le Conseil départemental, et 20 % par l’association Stalles de Picardie.

Éric Grusse-Dagneaux a loué le travail remarquable accompli par Richard Schuler, alors Conservateur des Antiquités et Objets d’art du département de l’Oise, grâce à qui la reconnaissance de la statue a pu être très rapidement confirmée, et par Marie-Bénédicte Dumarteau, qui a succédé à Richard Schuler. Le rôle des services du ministère de la culture et de l’office de lutte contre le trafic des biens culturels a également été remarqué. Le Conservateur régional a apporté une touche optimiste, en signalant que d’autres œuvres d’art, volées il y a quelques années, faisaient leur réapparition sur le marché de l’art parfois des années après le vol, étaient reconnues et pouvaient être remises à la commune d’origine (ou à un musée, pour assurer leur sécurité).

Le Père Philippe Montier a transmis les excuses et les salutations de Mgr Benoit-Gonnin, évêque du diocèse de Beauvais, et a rappelé que, lors d’une messe célébrée à Saint-Martin-aux-Bois le 2 mai dernier, l’évêque avait pu bénir la statue. Il a remercié la commune et l’association pour ce qu’elles font depuis des années pour l’église abbatiale, permettant sa vie cultuelle autant que culturelle.

Kristiane Lemé-Hébuterne, présidente de l’association, a présenté un rapide exposé sur la statue du xive siècle, ses caractéristiques (exposé que vous pouvez retrouver ici), et surtout sa riche polychromie, que la restauration a permis de mieux connaître. La statue a été peinte à trois reprises, à des dates différentes : la peinture la plus ancienne, d’origine vraisemblablement, est difficile à définir, car elle a été décapée avant la deuxième intervention. La restauratrice a tout de même constaté que cette première couche était enrichie de motifs en relief, montés à la goutte (de petites gouttes d’une préparation à base de craie et de colle sont appliquées à chaud sur la surface de la sculpture pour former des petits motifs décoratifs en relief). La couronne et certaines bordures de vêtements étaient dorées, la robe de la Vierge montrait des traces de dorure, alors que son manteau était bleu, le voile jaune pâle avec un liseré rouge. La couronne possède encore huit des cabochons de verre qui étaient incrustés. La tunique de l’Enfant était rouge, avec un décor d’or sur l’extérieur.

A une époque indéterminée, cette première polychromie a été éliminée pour laisser place à d’autres couleurs : la robe de la Vierge est devenue rouge, avec un décor à la feuille d’or, tenue par une ceinture peut-être verte. Le manteau, doré sur l’extérieur, montre du bleu foncé à l’intérieur, avec peut-être une bordure bleue au liseré rouge sur l’extérieur. Le voile est blanc bordé d’un liseré rouge.

La tunique de l’Enfant, dorée à la feuille, est ornée de motifs peints, noirs, rouges et verts, alors que l’intérieur est vert.

Plus récemment, un nouveau repeint, d’une qualité inférieure, a dissimulé les vives couleurs précédentes. La peinture est plus granuleuse, les couleurs plus ternes : la robe de la Vierge est ocre foncé, ornée de motifs rouges ou roses, le manteau est peint sur l’extérieur à la feuille d’or sur une sous-couche ocre foncé, avec des bordures décorées de points verts, alors que l’intérieur est bleu foncé ou noir.La tunique de l’Enfant est gris-noir.

L’inauguration s’est terminée, comme il se doit, par le verre de l’amitié. Samedi 21 et dimanche 22 septembre, différentes visites-conférences ont permis à un public curieux et intéressé de découvrir la statue et son histoire.

Réunion du dernier Conseil d’administration, le 28 septembre 2024

Lors de ce Conseil d’administration, la présidente a remis au maire de la commune un chèque de 1 734,00 euros, correspondant à la participation de l’association pour la restauration et la sécurisation de la statue de la Vierge à l’Enfant.

Alain Lebrun a remercié chaleureusement l’association qui apporte une aide appréciable. L’église est classée et bénéficie d’aides financières pour tout ce qui relève de la restauration, mais le coût global d’entretien de l’abbaye reste entièrement à la charge de la commune : cette année encore, des tuiles emportées par le vent ont dû être refixées par un couvreur. La végétation doit régulièrement être nettoyée…

Pour une meilleure compréhension de l’histoire de la statue de la Vierge à l’Enfant, l’association a fait réaliser un panneau d’information et son support en fer forgé : ces deux éléments sont donnés à la commune. Un vote en conseil d’administration a officialisé ce don, et un courrier est adressé au maire.

Le conseil d’administration a accepté et enregistré la démission d’Hervé Le Pochat, qui reste membre de l’association, mais pour raisons de santé ne souhaite pas poursuivre ses activités en tant qu’administrateur.

Pour remercier Thérèse Hainsselin et Hervé Le Pochat de leur participation active aux travaux et à la vie de Stalle de Picardie, le conseil d’administration a décidé, à l’unanimité, de leur décerner le titre de membres d’honneur. Malheureusement, Thérèse Hainsselin est décédée avant que cette décision lui ait été communiquée…

Exposition Le Langage des stalles, en 2024

Cette année, notre exposition a beaucoup voyagé et a pu être appréciée par de nombreux visiteurs !

Du 16 au 28 mars, c’est l’association Maurice Blanchard qui l’a accueillie à l’Hôtel de ville de Montdidier. Une conférence sur les stalles en général, et sur celles de Saint-Martin-aux-Bois en particulier, a été présentée par notre présidente, ce qui a incité certains auditeurs à venir visiter l’église au cours de l’été.

C’est ensuite à la Bibliothèque universitaire d’Amiens (à la Citadelle) que les panneaux ont pris place, du 5 avril au 28 mai. Étudiants et enseignants ont pu visiter l’exposition à leur convenance, mais nous avons proposé en outre trois après-midi d’accueil et visite commentée.

L’exposition a continué son chemin dans le monde de l’éducation, mais en s’adressant, en juin, aux collégiens de Nouvion-en-Ponthieu. Les enseignants de différentes disciplines (notamment histoire-géographie, français) ont travaillé avec leurs élèves sur certains panneaux. Tous ont été ravis de cette découverte.

Enfin en août et septembre, les visiteurs de l’église collégiale Saint-Pierre de Gerberoy ont pu apprécier l’exposition. Cette église possède des stalles médiévales, mais les miséricordes ont été démontées et mises à l’abri à la suite d’un vol.

Et parmi les visiteurs à Gerberoy, une personne a été particulièrement intéressée : Mme Faÿ s’occupe de l’Association culturelle de l’Académie de Paris et cherche des intervenants susceptibles de présenter des conférences sur des sujets divers. C’est ainsi que le 7 novembre, notre présidente, Kristiane Lemé-Hébuterne, a pu évoquer, lors d’une conférence largement illustrée, le langage des stalles médiévales à la Sorbonne devant un public d’une trentaine de personnes, très intéressées.

2025

L’exposition va continuer ses déplacements : une présentation aura lieu la première quinzaine de mai (les dates seront précisées ultérieurement) dans l’église de Fontaine-sur-Somme (commune située entre Amiens et Abbeville), en collaboration avec la Société d’Émulation d’Abbeville et l’Association de Sauvegarde de l’église de Vieulaines. Le mercredi 7 mai seront présentées deux conférences : l’une sur les clefs pendantes de l’église de Fontaine, l’autre sur les stalles médiévales.

Nous espérons pouvoir également montrer l’exposition dans la cathédrale d’Amiens, à côté de l’ensemble de stalles réalisé de 1508 à 1519 pour les chanoines du chapitre cathédral, un des rares ensembles à être toujours en place !

D’autres lieux d’exposition sont envisagés que nous vous ferons connaître en temps opportun.

Travaux dans l’église

La restauration de la porte de l’ancienne chapelle de Guy de Baudreuil (actuellement sacristie) devrait se faire en 2025. Cette porte du xvie siècle, en chêne, montre une décoration renaissance, avec notamment trois figures de sibylles. Les sculptures doivent être nettoyées et restaurées, mais il y a aussi un important travail de ferronnerie et serrurerie à exécuter.

Une statue en bois, de saint Pierre (?) devrait également être restaurée et sécurisée.

Notre association aidera financièrement la commune dans ces travaux.

Nous vous souhaitons de bonnes fêtes de fin d’année et vous retrouverons avec plaisir en 2025. Mais en attendant, allez visiter le site internet de l’association, rejoignez-nous sur notre page Facebook